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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/21

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cement d’abord partiel, puis total de la bête ; car tout y passa, excepté la peau ; M. G… put la faire animaliser, si le cœur lui en dit, en souvenir des trois jours d’épreuve passés au Lautaret.

« Un autre résultat, absolument inattendu, de ce séjour forcé au milieu des neiges nous fut connu plus tard ; miss Templeton, ravie de l’aventure et aussi du dévouement de son guide qui, par son ingéniosité, ne l’avait pas même laissé manquer du superflu, avait offert à ce guide, de quinze ans moins âgé qu’elle, son cœur et sa main. Il y avait quinze mille francs de rente dans cette main, de quoi faire oublier au montagnard de Savoie la différence d’âge, la laideur et aussi le caractère passablement excentrique de sa compagne.

« Voilà, Monsieur, le récit d’une de mes traversées du Lautaret. Nous sortîmes de là, au bout de trois jours, en traîneau, et sans jeter un regard de regret sur ce que nous laissions derrière nous. Les survivants de la Méduse n’ont pas dû être plus contents de leur libération que nous de la nôtre. »

Pendant le récit du voyageur la diligence, lancée à toute vitesse, avait franchi kilomètres sur kilomètres. Le soir était venu. Le conducteur avait allumé son phare.

— Où sommes-nous ? se hasarda à demander la dame que le récit du négociant, son voisin, avait tenue tout le temps qu’il avait duré inquiète et haletante. Y a-t-il de la neige sur la route ? Mon Dieu, oui ! il y en a ; voyez, c’est tout blanc !