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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/42

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Comme j’allais tourner le bouton de la portière, deux jeunes gens, l’un en habit de polytechnicien, l’autre en costume de la Flèche, ouvraient cette même portière.

— Eh bien ! mère, dirent-ils à la femme d’officier, ne fais-tu pas comme tout le monde ? ne descends-tu pas ?

Ces deux futurs défenseurs de la patrie étaient les petits pour lesquels la dame, notre compagne de voyage, avait eu tant d’enfantines préoccupations depuis le départ.

— Ce n’est pas la peine, répondit-elle ; je suis très-bien ; ces messieurs ont raconté de fort jolies histoires ; maintenant qu’ils me semblent avoir tout dit, je vais essayer de dormir.

— Dormir ! fit l’aîné en riant ; tu le feras dans ton lit ce soir ; ici, il faut descendre.

— Où donc sommes-nous ?

— À Grenoble, sur la place Grenette, qui est, comme chacun sait, le boulevard des Italiens de Grenoble.

— À Grenoble ? m’écriai-je, au comble de la surprise. Ainsi, nous avons vu ce qui ne se voit presque jamais en diligence : des ours, des marmottes, des contrebandiers, des loups, de la neige, des chamois, une inondation, deux mariages…, et le Lautaret, les tunnels, la Rampe des Commères, le Freynet, les Abîmes de la Romanche, les rochers, les glaciers, les cascades, nous avons passé à côté de tout cela… sans le voir.