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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/7

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une machine antédiluvienne et impossible. Ce ne sera pas seulement pour en médire.

L’héroïne de ce récit était une belle, forte et solide voiture, presque toute neuve, hardiment peinte en jaune et en noir, avec le nom de son point de départ et celui de son arrivée courant en légende sur son frontispice, pimpante comme une goëlette prête à prendre la mer. Elle en avait déjà couru, pourtant, des aventures !

Tous les deux jours, elle voyait se renouveler le même spectacle : Les voyageurs arrivant longtemps avant les chevaux à l’endroit où elle stationnait, et s’emparant, par droit de conquête, des places de leur choix.

Le jour où je la vis pour la première fois, elle partait de Briançon.

Je faisais mon premier Tour des Alpes ; arrivé par Gap et Embrun à Briançon, je retournais à Grenoble par le Lautaret et l’Oisans et je me faisais une fête de voir dans tous ses détails cette route si accidentée où tous les genres d’émotion, partant de surprises et de plaisir, peuvent attendre le voyageur.

J’étais impatient de contempler la Meije, le Goléon, le Galibier, tous ces monts sublimes où le passage de l’homme n’est qu’un accident.

Je voulais voir, suivant l’expression du poète,

Aux bords toujours plus froids d’un ciel toujours, plus pur,
Les Alpes entasser en groupes fantastiques
Les informes donjons et les dômes antiques