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Page:Louise Drevet - en diligence de Briançon à Grenoble, 1879.djvu/8

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De leurs pâles sommets qu’ensevelit l’azur.
Dormant au fond des nuits ; ces mornes Babylones
Dans les champs éthérés découpent leurs remparts…

C’était…… mais, à quoi bon donner à ce récit une date précise ? C’était donc quand il vous plaira, au printemps, cependant, aux approches de Pâques, comme aujourd’hui, alors que la montagne, défendue par ses neiges, est d’un accès presque plus difficile qu’en hiver. Le bureau de la voiture était assiégé par une douzaine de voyageurs, armés de menu bagage, qui venaient prendre possession de places retenues depuis plusieurs jours.

En moins de temps qu’il en faut pour le dire, coupé, impériale, intérieur, tout fut pris.

Je ne parle pas du coupé, je ne dis rien de l'impériale, attendu que ce n’est ni dans le compartiment de luxe ni sur la toiture ambulante du véhicule que se passe la scène principale de ce récit. Je me borne à dépeindre la physionomie de l’intérieur, où je m’installai, moi sixième, pour passer les quinze heures de cahots — juste la distance de Paris à Marseille — qui séparent Briançon de Grenoble.

La physionomie de cet intérieur, ou plutôt celle des cinq compagnons que le hasard me donna, était assez originale pour mériter un coup de crayon.

Voulez-vous que j’essaie ?

Le numéro un, vingt ans, imberbe, était professeur dans un collège des Alpes ; il débutait plein d’ardeur dans l’art d’enseigner ce qu’il venait à peine d’ap-