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devoir d’écrire sur son grand registre la formule traditionnelle destinée tout à la fois, en ce temps-là, à constater la naissance et le baptême.

Et voici ce qu’il écrivit :

« Le 25 février 1709, j’ai baptisé Jacques, né d’hier, fils de sieur Jacques Vocanson, marchand gantier, et de demoiselle Dorothée Lacroix, mariés ; étant parrain sieur Léonard Pouchot, marchand gantier ; marraine, demoiselle Marie Chagnier, femme de sieur François Beissière, libraire. Le père a signé en présence des soussignés : Vocanson, Pouchot, Marie Chagnier, Vocanson, Beissière, J. Vocanson, Buisson, archiprêtre. »

La cérémonie était terminée. L’existence civile et religieuse du petit Jacques Vocanson était constatée suivant les us du temps ; il ne restait plus au cortège qu’à se retirer pour se rendre au cabaret du Jardin-Vert, un cabaret où il n’y avait pas le moindre jardin et qui n’était jamais fleuri. Maître Pouchot, qui en faisait les frais, avait commandé là le repas du baptême. Ce cabaret, en grand renom alors pour ses ravioles, ses pognes et ses matefaims, était situé dans la rue Chenoise, et les fenêtres de sa grande salle prenaient jour sur le ruisseau du Verderet. Je ne suis pas bien persuadée qu’il n’existe pas encore au même endroit et sous la même enseigne.

Pour sortir de l’église, le cortège se reforma augmenté de deux musiciens qui, restés sur la place pendant la cérémonie, en saluèrent l’apparition avec les sons criards de leur violon.

Deux garçons boulangers, porteurs chacun d’une grande et lourde corbeille recouverte d’une serviette bien blanche, attendaient sous le porche la sortie des