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invités. Quand le parrain et la marraine apparurent, tous deux en tête, ayant l’air joyeux et satisfait de gens qui viennent de bien faire, les mitrons enlevèrent les serviettes recouvrant les corbeilles, et celles-ci se montrèrent pleines d’une multitude de petits pains ronds, dorés avec de l’œuf et du safran.

Toute la troupe enfantine se pressait avec des regards d’envie autour des bienheureuses corbeilles.

— Tout ceci est pour vous, mes petits, dit le parrain avec bienveillance ; ce sont les dragées de la marraine.

Et, sur un signe de lui, les garçons boulangers commencèrent la distribution.

Un moment rendus muets par la joie et par la surprise, les enfants comprirent bientôt toute l’étendue de leur bonheur. Du pair, du bon pain blanc, et tant qu’on en voulait, car aux deux premières corbeilles en avaient succédé d’autres, le nombre des petites mains tendues augmentant sans cesse ! Le miracle de la multiplication des pains se reproduisait, mais seulement humain. Quelle fête ! Aussi, de ces petites poitrines serrées si longtemps par la faim, dilatées alors par l’allégresse, un cri, un double cri vibrant, sincère, s’éleva : « Des griches ! de bonnes griches fraiches ! »

Puis celui-ci, moins égoïste :

« Vive maître Pouchot ! vive dame Beissière ! »

Quelques-uns, bien avisés, ajoutèrent aussi :

« Vive le petit Jacques Vocanson !