Page:Louise drevet - Dauphiné bon coeur, 1876.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 105 —

CHAPITRE II.

L’horloge de Madelon

Toute la compagnie, parrain et marraine en tête, s’achemina ensuite vers le cabaret où le prévoyant Léonard Pouchot avait commandé le dîner, et qui avait pour enseigne : Au Bosquet-Vert ou Au Jardin-Vert. Deux arbres, deux acacias-parasols, plantés dans une petite cour où le soleil apparaissait aussi souvent qu’au fond d’un puits, avaient pendant longtemps figuré tout le jardin. Bientôt, cependant, l’hôtelier se fit un cas de conscience de voir si mal représentée chez lui la belle nature ; il appela un de ces peintres piémontais, en nombre alors comme aujourd’hui dans la ville, et, pour une somme de dix livres, vivement débattue de part et d’autre, il eut, sur son enseigne un jardin, auprès duquel ceux d’Armide et de Sémiramis n’étaient que des potagers. Aussi, pendant plus d’un siècle, la vogue qui s’était retirée de l’Auberge de la Graille, hors la porte de ce nom, s’attacha-t-elle au Jardin-Vert.

En ce temps d’abstinence et de jeûne forcé, la table, autour de laquelle s’assirent tous les gens du baptême, présentait vraiment un si rare coup d’œil qu’à son aspect les regards s’animèrent, et que, dès le pre-