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lequel il travaillait comme simple tisseur à toutes les opérations de l’industrie. Bientôt aussi, de simple associé, il devint chef unique de la manufacture et put appliquer sans contrôle les procédés de son invention.

Ses affaires prospéraient. Il marchait sinon vers la renommée, du moins vers la richesse. Cependant, ces succès ne le satisfaisaient pas.

Que lui fallait-il donc ? Je l’ai dit : il était Dauphinois, et, quoique éloigné depuis bien des années de la terre natale, il ne cessait de songer à son pays. Il se le représentait si richement doté par le Créateur de toutes les sources de biens, et pourtant pauvre ; ses habitants, industrieux, ne se rebutant ni aux soins ni à la peine, et pourtant misérables. « Le labourage et le pâturage sont les deux mamelles de la nation, » avait dit Sully, mais les populations devenaient trop nombreuses pour se contenter de ces deux mamelles, quand tant d’autres sources de richesses restaient improductives. Or, le Dauphinois pouvait s’abreuver à plus d’une de ces sources. Pourtant la force motrice de ses nombreux cours d’eau, les richesses minières de son sol restaient ignorées ou oubliées ; il vivait du grain produit par ses champs, trop heureux quand une année de disette n’amenait pas une année de famine.

L’élevage des vers à soie était à peine pratiqué dans quelques parties méridionales de la province, la vente des cocons était presque nulle, la production de la soie insignifiante. Que manquait-il pour que cette industrie si féconde s’implantât dans le pays ? Une initiative. Étienne Jubié, qui avait le savoir, voulut aussi avoir l’initiative. Il tâtonna un peu dans les