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commencements. Saint-Jean-de-Bournay, son pays natal, avait eu sa première pensée. Il y installa quelques métiers, mais, après plusieurs essais, se décida à établir à Chatte sa première filature. En même temps, il en organisa une autre à Saint-Antoine. Mais ce n’étaient toujours que des essais. Rien de ce qu’il créait là ne le satisfaisait. Il ne se lassait pas de parcourir le pays, cherchant toujours ce qu’il appelait sa terre promise.

Sur ces entrefaites, l’intendant des finances, à qui Étienne Jubié avait dû s’adresser pour diverses autorisations à obtenir, désireux de connaître personnellement un homme qu’on lui avait présenté comme un novateur, manda Jubié à Paris. De l’audience qu’il accorda au manufacturier, l’intendant Chamillart conclut que les projets d’Étienne Jubié avaient droit à autre chose qu’à des encouragements stériles de la part d’un gouvernement éclairé. Ayant pris en mains la cause de l’industrie des soies, pour laquelle la France, et en particulier Lyon, avaient jusqu’à ce jour été tributaires de l’Italie, Chamillart promit à Jubié non-seulement l’appui du gouvernement pour ses essais, mais encore le titre de Manufacture royale pour la grande filature qu’il projetait d’établir en Dauphiné.

Fort de cet appui, Jubié repartit aussitôt pour son pays. Comment entendit-il parler de la Sône ? Qui lui vanta les avantages présentés par la situation du vieux château au milieu d’un pays tout neuf ? Je ne sais. Ce que certains appellent le hasard, ce que nous autres nous nommons la Providence, sait toujours intervenir, quand il le faut, dans les affaires humaines. Jubié apprit donc que le château était à vendre, qu’il