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nes friandises culinaires que Margot, le cordon bleu habile, avait confectionnées exprès pour elle.

S’étant aperçu qu’elle aimait les belles étoffes, et qu’elle trouvait du plaisir à se parer, il inventa exprès pour elle aussi, un dessin dont il composa une belle pièce de soierie gris-argent, reluisante et douce à l’œil comme un reflet de lune. Oh ! certes, elle fut bien contente, mais, remercia-t-elle ? je ne le crois pas.

Elle n’était pourtant pas méchante du tout. Mais elle avait été élevée dans une solitude si profonde et par un père dont les idées étaient en retard de tant d’années sur son siècle, qu’il n’était pas surprenant comme je l’ai déjà dit, qu’elle ne comprît rien du tout aux choses de la vie.

Elle jouissait des bienfaits du manufacturier sans même s’en rendre compte. Elle pensait qu’il devait en être ainsi. Elle se figurait probablement que ce que lui avait laissé son père suffisait à tout ; d’ailleurs, elle n’avait jamais songé à s’en assurer. Le manufacturier, cœur généreux et délicat, n’avait pas dit à Mademoiselle Yolande que son père n’avait laissé que des dettes.

Elle ne faisait œuvre de ses dix doigts tant que durait le jour. Aussi s’ennuyait-elle, mais s’ennuyait-elle ! Car elle connaissait par cœur tous ses romans, et quand elle avait prié le manufacturier de lui en procurer d’autres, de ceux qui étaient en vogue à la Cour, il lui avait apporté un Plutarque, Vie des Grands hommes, les Aventures de Télémaque et quelques autres ouvrages, tout aussi intéressants, mais dont Mademoiselle Yolande n’avait lu que quelques lignes, les ayant dès l’abord trouvés horrible-