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ment sérieux. Il aurait fallu que quelqu’un prît la peine de lui en expliquer les beautés, mais le manufacturier n’y pensait et Victor-Louis n’osait.

Et comme elle avait seize ans, Mademoiselle Yolande, et qu’à cet âge, fût-on une demoiselle du plus haut rang, on est bien aise d’échanger parfois ses pensées, ― quand l’on pense, ― avec quelqu’un, il arriva que, après avoir un peu boudé contre…… son cœur en ne daignant pas honorer de sa présence les soirées de famille du manufacturier, la petite comtesse se hasarda à passer de loin en loin un quart d’heure dans le grand bâtiment industriel. Pendant ce temps-là, la petite Catherine baquetait à la cuisine avec les autres serviteurs et servantes de la maison, et racontait des apparitions terribles qu’elle avait vues ou du moins cru voir dans les vastes salles désertes du château.

Pour complaire à Mademoiselle Yolande, que tout le monde aimait pour les bonnes qualités dont on croyait avoir découvert en elle le germe, dès qu’elle entrait dans le modeste salon où la famille était réunie, on cessait de parler d’affaires ; on ne s’occupait que de ce qui paraissait devoir l’intéresser : les nouvelles de la Cour et de la province, les bruits du jour, parfois la lecture des Gazettes ; parfois aussi à la lecture des Gazettes succédait une lecture de quelques lignes, d’une page tout au plus, d’un genre encore amusant mais instructif. Le premier soir, Mademoiselle Yolande avait baillé ; le second soir, elle avait écouté d’une oreille ; enfin, au bout d’une semaine, au plus, elle avait paru entendre avec un peu d’attention des récits qui n’étaient pas les exploits du beau Cyrus ou les aventures d’Amadis des Gaules et de Galaor.