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qu’elle eût à l’accompagner chez Monsieur le manufacturier. Le cœur de Mademoiselle Yolande, on le voit, n’était pas toujours muet. Elle n’avait qu’à l’écouter.

La maladie n’était pas sérieuse et Madame Isabeau fut enchantée de voir le bon mouvement de Mademoiselle Yolande. Ce soir-là, il y eut plus d’une surprise à la manufacture. Le messager apporta une lettre, annonçant pour la semaine suivante, l’arrivée à la Sône d’un très-grand personnage qui honorait M. le manufacturier d’une amitié et d’une estime toutes particulières.

La lettre ne portait pour toute signature que ces mots : « Votre ami Jacques. » Mais c’était bien assez, paraît-il, pour qu’on sût dans toute la famille de qui elle émanait, car ce ne fut qu’une même exclamation s’élevant de toutes les bouches :

— Quel bonheur ! le marquis Jacques !

Or, ce marquis était celui que le comte de Maison blanche avait donné pour tuteur à sa fille, à son lit de mort. On a vu précédemment comment le marquis Jacques avait endossé à son ami le manufacturier la lourde responsabilité de cette tutelle, ne pouvant s’en charger lui-même. Ce qui faisait que Mademoiselle Yolande ne le connaissait pas. Le marquis venait à la Sône, amené par plusieurs causes que nous déduirons quand le moment sera venu.

Mademoiselle Yolande ouvrit de grands yeux, comme tout auparavant elle avait ouvert toutes grandes ses mignonnes oreilles. On attendait un marquis ! elle allait pouvoir converser avec un marquis !

Cette nouvelle la rendit toute songeuse. Mais elle crut indigne d’elle de demander quand arriverait le