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un sorcier ; et de ces divers jugements elle aurait conclu… ce que bon lui aurait semblé.

Mais nous ne blâmons pas Mademoiselle Yolande d’avoir méprisé les racontages de commères et de préférer à une opinion toute faite celle qu’elle devait se former elle-même sur un personnage à tant d’égards différent du commun des mortels.

Bientôt (fût-ce par la force de l’imagination, ou bien une fée invisible la porta-t-elle vraiment dans cette partie du château où, à son sens, se passaient des choses si mystérieuses ; je ne sais et ne cherche pas à expliquer), bientôt, dis-je, Mademoiselle Yolande vit pour ainsi dire tomber devant elle les murailles épaisses de l’autre façade du château ; ses yeux perçurent toute une scène bizarre et qui resta parfaitement incompréhensible pour son intelligence : son intelligence persistant à ne pas vouloir classer le marquis Jacques parmi les êtres extraordinaires pour lesquels les lois de la création n’existent pas ou peuvent être modifiées à leur gré.

Mais disons vite ce qu’elle vit.

C’était d’abord une grande salle, improprement appelée la Salle des Fêtes, puisque depuis longtemps on ne donnait plus de fêtes au château. Dans cette salle, où six lustres en cristal de roche, nuance de lapis, jetaient des flots de cette lumière bleue qui plongeait dans l’extase Mademoiselle Yolande, toute une société élégante était réunie. Il y avait des jeunes gens, il y avait des jeunes femmes, tous vêtus à la dernière mode du jour et tous beaux, ainsi qu’on le dit dans les contes de fée, comme le jour. Plusieurs valets en grande livrée semblaient attendre leurs ordres.