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marufacture et dont elle n’avait qu’à tirer le cordon en cas d’alarme. Mais Mademoiselle Yolande, qui ne voulait pas perdre sa réputation de courage, était décidée à ne se servir qu’à la dernière extrémité de la sonnette de secours.

Un autre motif la décida à patienter. La lueur qui avait tout d’abord éclairé la chambre d’une grande lumière devenait d’un bleu si doux, que c’était une fête et un repos pour les yeux de la regarder.

D’où venait cette lumière ? Mademoiselle Yolande, chez qui la peur cédait tout doucement place à la curiosité, descendit de son lit, glissa ses pieds mignons dans ses mignonnes pantoufles, s’enveloppa de son manteau de nuit et, guidée par ce qui lui semblait le foyer de la lueur, se dirigea vers la fenêtre.

Ce qu’elle vit alors resta tout à fait inexplicable pour elle, mais ne l’effraya plus. Toute la façade du château, qui faisait vis-à-vis à la partie qu’elle habitait, était intérieurement illuminée par une clarté aussi paisible que celle que donne la lune à la fin de son premier quartier ; mais cette clarté, qui ne pouvait être produite par cet astre alors disparu de l’horizon, changeait parfois de couleur et jetait sur tous les objets enveloppés par elle un reflet d’aspect étrange.

Or, cette partie du château était justement celle occupée par le marquis Jacques.

Si Mademoiselle Yolande avait daigné écouter parfois les commérages de Catherinette, elle aurait appris que dans le bourg de la Sône, où l’on connaissait de réputation le marquis Jacques, le marquis Jacques passait, à tort où à raison, auprès des gens éclairés, pour un grand savant, tandis que les personnes peu instruites le tenaient pour… oui, disons le mot, pour