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VII.

Bientôt, cependant, elle se rendormit, ou plutôt s’endormit du calme et profond sommeil de son âge ; et, dans les rêves qui vinrent hanter son chevet, elle revit le marquis Jacques, cette fois transformé en magicien, coiffé du haut bonnet pointu classique, vêtu de la longue robe à insignes diaboliques. Elle le vit, dis-je, passer et repasser encore au milieu des brillants personnages qui composaient la société réunie ce soir-là pour assister à un concert dans son salon illuminé. Mais ce qui causait à la dormeuse une stupéfaction profonde, c’était de voir le marquis Jacques, devenu, pendant ce rêve, un grand et puissant sorcier, s’approcher de chaque personnage, souffler sur lui, et le faire s’évanouir comme une bulle de savon crevée par l’air. Les uns après les autres, tous y passèrent, même, hélas ! le beau rêveur à l’habit de velours rose. Les vapeurs matinales, qui flottent au printemps sur les prairies au lever du jour, ne disparaissent pas plus vite sous le souffle de la brise.

Ce rêve pesait sur l’esprit de la jeune dormeuse du poids d’un cauchemar. Quoi ! tout était fini ! quoi ! tout était perdu !

Elle s’agitait dans son lit, tant et si bien, que, le jour étant venu sur ces entrefaites, et Catherinette in-