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quiète de voir sa maîtresse tarder plus que de coutume à donner le coup de sonnette matinal, étant entrée sans bruit dans la chambre, regardait, avec une stupéfaction mêlée d’inquiétude, Mademoiselle Yolande se démener fiévreusement sur son oreiller tout froissé par les luttes de la nuit.

Enfin, Mademoiselle Yolande ouvrit un œil, puis deux, s’étira comme elle avait l’habitude de le faire, vit Catherinette debout au pied de son lit, dans une attitude un peu nonchalante, mais qui n’avait rien de ce provoquant mystérieux de la soubrette avide d’être questionnée, et, sans réfléchir qu’elle lui avait formellement intimé de n’avoir jamais à l’entretenir des histoires d’antichambre, tout encore à l’impression de son ou de ses rêves, elle s’écria :

— Dieu ! que j’ai mal dormi ! le bruit de cette fête, ces violons, ces lumières m’ont tenue sans sommeil une partie de la nuit. Comment se fait-il, petite, que je n’aie pas été prévenue du concert qui devait être donné au château ? j’adore la musique… peut-être m’aurait-il plu d’y prendre part…

La physionomie de Catherinette, à l’énoncé de chacun de ces reproches, était réellement risible. Ses yeux s’étaient d’abord grands ouverts, puis sa bouche avait suivi ses yeux dans le mouvement, enfin ses narines elles-mêmes participant à cette dilatation de ses traits, elle offrait un spectacle si comique, si ébouriffant, que Mademoiselle Yolande, en premier lieu réellement courroucée, sentit sa colère fondre comme neige et un fou rire s’empara d’elle :

— Mais, réponds donc, petite sotte !

— Made… Mademoi… Mademoiselle… je ne sais de quoi Mademoiselle veut parler. Probablement Ma-