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tervenant. Elle vaut toute une fortune. C’est l’araignée du marquis Jacques.

Soucieuse, sans savoir pourquoi, de l’opinion que Victor-Louis pouvait avoir d’elle, Yolande fit des efforts pour reprendre sa sérénité.

Yolande connaissait bien les abords des appartements privés du marquis, pour les avoir explorés dans la matinée, mais elle avait vu l’antichambre et les salons quasi-déserts, et elle les revoyait maintenant gais, parés, lumineux et peuplés comme ils lui avaient semblé l’être la veille. Je ne cacherai point qu’elle fut très-émue ; néanmoins, elle mit beaucoup de grâce et de mesure dans ses diverses révérences, les faisant légères ou profondes suivant le sexe ou le rang auquel paraissaient appartenir les personnes réunies dans le grand salon, et toute ébaubie de voir que ces personnes qui, toutes, devaient être des personnes bien élevées, ne prenaient nulle garde à elle et ne lui rendaient pas ses saluts.

Comme c’était son devoir d’hospitalité, le marquis Jacques, abandonnant son fils, le bel adolescent tant admiré par Yolande, vint à la rencontre de ses visiteurs et les fit asseoir. Au milieu de ce monde brillant, le marquis Jacques apparaissait néanmoins comme le maître et jouissait discrètement des cris de surprise et d’admiration poussés par Madame Isabeau, au grand scandale de Mademoiselle Yolande.

Les joueurs d’échecs, perdus dans la stratégie de leur jeu, ne quittaient pas des yeux le champ de bataille où s’agitaient, dirigés par eux, cavaliers, tours, rois, dames et fous, et n’avaient pas détourné la tête à l’arrivée des visiteurs.

Les musiciens n’étaient pas restés aussi indiffé-