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rents : ils avaient salué par l’air le plus joyeux de leur répertoire la gracieuse compagnie.

Mais pourquoi le bel androïde restait-il comme indifférent, toujours indifférent ; et ne se joignait-il pas à son père pour faire aux hôtes de la manufacture et à Mademoiselle Yolande elle-même, les honneurs de la maison ? Ah ! Mademoiselle Yolande comprenait : le beau jeune homme, objet d’admiration de toute la Cour, ne pouvait s’émouvoir en recevant la visite de gens d’un rang obscur comme le manufacturier et sa famille ; mais elle ! Le marquis Jacques avait tort de ne pas décliner tout haut ses noms et qualités ; certainement on lui ferait, si on les connaissait, un tout autre accueil.

Poussée par ce mouvement d’orgueil, humiliée d’être comprise dans le dédain manifesté par tout ce monde, Mademoiselle Yolande, se séparant vivement de dame Isabeau, s’approcha d’une belle dame qui brodait au tambour de l’autre côté de la cheminée, et, à haute voix, dans l’espoir d’être entendue par le bel adolescent à l’habit de velours, elle prit son air le plus imposant et dit :

— Je suis persuadée, Madame, que vous êtes d’une bonne naissance, mais cela ne justifie pas l’indifférence avec laquelle vous m’accueillez, car mon nom est, pour le moins, l’égal du vôtre. Je suis Yolande de Maison blanche, la dernière de la maison comtale de Maison blanche, d’Auvergne.

Très-satisfaite de la leçon qu’elle venait de donner à l’orgueilleuse invitée du marquis, Yolande reprit place auprès de Madame Isabeau.

Un rire bruyant avait seul accueilli sa déclaration. Je dois avouer que ce rire avait été poussé par le manufacturier lui-même.