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de soie, car au bout de quelques jours, la chenille, devenue papillon, aurait percé son enveloppe pour revoir la lumière. Bref, tout cela paraissait à Yolande très-merveilleux. Elle voyait bien maintenant que les belles robes de brocard ne tombent pas du ciel toutes faites. Il faut de la patience et du soin pour que, comme le dit le proverbe, « la feuille de mûrier devienne satin. »

Chaque jour amenait chez la jeune fille un progrès nouveau. En un mot, ce fut bientôt une transformation si complète que, six mois plus tard, elle ne trouva rien d’exorbitant à l’idée d’échanger son nom si sonnant contre le nom plus modeste, mais qui avait aussi son illustration, du fils du manufacturier.

Le marquis Jacques voulut être du mariage, qui mit en fête les deux rives de l’Isère. Il apportait au nouveau marié, de la part du roi, en ce temps-là Louis seizième du nom, un présent fort apprécié alors — et aujourd’hui : — c’étaient des lettres de noblesse. En sorte que Yolande retrouvait d’un côté ce qu’elle perdait de l’autre ; ce qui la toucha un peu, sans l’enorgueillir autant qu’on aurait pu le croire. Son sacrifice était fait ; bien plus méritoire de sa part que de celle de tout autre.

Sur le parchemin du contrat, le marquis Jacques, témoin de l’heureux hymen, avait tracé d’une main ferme son nom : un nom, comme il l’avait dit, tout plébéien, mais grandi par le génie à l’égard des plus illustres ; un nom qui doit faire palpiter d’orgueil tout cœur dauphinois :

« JACQUES VAUCANSON. »

Les armes du nouveau noble, dessinées par Vau-