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CHAPITRE Ier.

Il a mal pris son moment, le bonhomme !

Il faisait à peine jour. Avec la lumière blafarde de ce blafard jour de février s’était levée une bise aigre qui coupait le visage et menaçait de faire de cette journée la plus mauvaise des journées de ce long et lamentable hiver. Car l’on était en 1709, et l’on sait que cette année, une des années terribles de notre pays, fut remarquable entre toutes par la rigueur atroce de sa température et la durée de ce froid qui lui valut ce surnom, qu’elle a gardé dans l’histoire de l’année du grand hiver.

On a oublié bien des choses ; on s’est consolé de bien des misères ; mais quel est celui ou celle qui n’a entendu parler, sinon par les livres, tout au moins par les traditions, de l’année du grand hiver ?

Au temps où l’on peut encore espérer de tièdes heures automnales, le froid brutal, sans crier gare ! était venu.

À l’heure où l’aurore plus matinale montre ses gaies couleurs à l’horizon, où l’hiver honteux s’enfuit devant les jours grandissants, le froid était resté !

Et il était resté, tenace, violent, sans lâcher prise pendant un seul jour. C’était affreux !