Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/101

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de nous opposer au mal parla force. Il accuse nettement l’Église d’enseigner des doctrines contraires aux préceptes de Jésus et de ses prédécesseurs. Il fait toujours une différence entre Jésus et l’Église chrétienne. Il se lève contre les docteurs de l’Église. « Par suite de l’ivresse du pouvoir, ces hommes ont perdu à tel point la notion de ce qu’est le christianisme, que tout ce qui s’y trouve de réellement chrétien, leur apparaît comme hérétique, tandis que tout ce qui, dans les Évangiles, peut être interprété dans le sens païen, leur apparaît comme le principe même du christianisme. »

Tolstoï rejette tous les miracles, débarrasse le christianisme de ce qu’il appelle ce son incompréhensible métaphysique ».

La conception chrétienne de la vie humaine dit que notre vie immortelle, qui se transmet de génération en génération, n’est pas la vraie vie, mais une vie déchue, gâtée ; au contraire, d’après la conception judaïque et admise par Jésus, cette vie est la vraie, le bien suprême donné à l’homme à condition qu’il observe la volonté de Dieu. Au point de vue chrétien, la transmission de cette vie déchue de génération en génération est la transmission d’une malédiction ; au point de vue du judaïsme et au point de vue de Jésus, c’est le bien suprême auquel l’homme peut prétendre.

Toute la doctrine de Jésus, comme celle de Moïse, consiste à enseigner le renoncement à la vie personnelle, qui est une chimère, et à faire rentrer cette vie personnelle dans la vie commune de toute l’humanité. Aussi les hommes depuis qu’ils existent,