Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/112

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celle qui était usitée dans les écoles des Sopherîm et des Tannaïtes ; c’est la même que celle que, jusqu’à ce jour, « les juifs du Talmud[1] » tiennent pour leur loi.

Chez tous les prophètes les vertus humaines de la justice et de l’amour mutuel sont au premier plan.

Michée ne prêche pas seulement la foi, l’espérance, l’emuna, il dit : « Pratique la justice, aime la clémence. »

Le principe symbolique du Judaïsme Jéhovah, c’est l’Être parfait, l’Être indépendant ; Jéhovah, c’est la Liberté, la Conscience, la Bonté, la Volonté, la Paix ! Le règne de Jéhovah sur la terre, c’est la paix de tous les hommes entre eux. C’est ainsi que tous les prophètes hébreux concevaient le règne de Dieu.

La paix entre les hommes est le plus grand bien sur la terre qui soit à la portée de tous. C’est le culte universel, c’est l’espérance d’une ère de justice pour la pauvre humanité !

Tolstoï, — qui peut être considéré comme un prophète d’Israël[2] plutôt que comme un apôtre de l’Église chrétienne, — Tolstoï aspire vers une religion

  1. Tal. Cen blik in Talmoed en Evangelic, p. 126.
  2. Là où Tolstoï s’écarte des préceptes du judaïsme, il tombe en contradiction avec lui-même, avec son humanisme. Il nie, par exemple, le divorce, c’est-à-dire le droit de reconstituer une nouvelle famille, lorsque la première a été constituée sur des bases fausses. Il déclare avec les docteurs du faux christianisme que la débauche provient de ce que hommes et femmes se considèrent les uns les autres comme des instruments de volupté. Mais s’il enlève aux époux le divorce, s’il les force de rester attachés l’un à l’autre, malgré l’antagonisme moral qui peut surgir entre eux, ne les oblige-t-il pas, par cela même, de se transformer en instruments de