V
La question de la résistance ou de la non-résistance au mal est née lorsque s’est produite la première lutte entre les hommes, car toute lutte n’est autre chose que l’opposition par la violence à ce que chaque combattant considère comme un mal. Les hommes investis d’une autorité religieuse considéraient comme un mal ce que des hommes et des institutions investis du pouvoir civil considéraient comme un bien, et vice versa ; et la lutte devenait de plus en plus acharnée et elle continue de nos jours » Les hommes croient souvent que la question de la non-résistance au mal par la violence est une question secondaire et qu’on peut négliger. Cependant elle est posée par la vie même devant tout homme qui pense et elle réclame absolument une solution. Cette question est la base de la vie sociale. Il faut absolument, à chaque lutte nouvelle, décider s’il faut ou non s’opposer par la violence à ce que l’on considère comme mal. Cette doctrine consiste non seulement en ce fait qu’il ne faut pas s’opposer au mal par la violence, mais aussi dans une nouvelle conception de la vie dont l’application à la vie sociale aurait pour résultat de faire disparaître la lutte entre les hommes, non pas en soumettant une partie d’entre eux à des autorités, à des violences, mais supprimant la violence, contre personne, dans aucun cas.
Le monde a été grossièrement trompé lorsqu’on a