Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/139

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assuré aux hommes que la doctrine du Nazaréen : Ne résiste pas au mal par le mal, est conciliable avec la guerre, les tribunaux, les exécutions, le serment, le patriotisme, et en général avec la plupart des institutions de la vie sociale et politique. Pour tout homme sincère il ne peut pas ne pas être évident que la doctrine du pardon et de l’amour ne peut pas se concilier avec l’État, avec son despotisme, sa violence, sa justice cruelle et ses guerres.

Au contraire, c’est ce principe qui oblige tout chrétien à n’obéir à rien ni à personne en dehors de sa propre conscience.

Le principe de la non-résistance au mal par la violence est attaqué de deux camps opposés : par les conservateurs, parce que ce principe empêche la résistance au mal fait par les révolutionnaires, leur persécution et leur exécution ; et par les révolutionnaires, parce que ce principe empêche la résistance au mal fait par les conservateurs et leur renversement.

La violence pour défendre son semblable d’une autre violence n’est jamais justifiée parce que le mal que nous voulons empêcher n’étant pas encore commis, il nous est impossible de deviner quel sera le plus grand, du mal que nous allons commettre ou de celui que nous voulons arrêter. Nous exécutons un criminel pour en débarrasser la société et rien ne nous prouve que ce criminel n’eût pas changé demain, et que son exécution ne soit une cruauté inutile. Nous emprisonnons un membre de la société, dangereux à notre avis, mais demain cet individu pourrait cesser d’être dangereux et, par