Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/158

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lequel son mari, en s’affranchissant des devoirs de l’homme, peut usurper avec elle les travaux d’autrui. Seule, une telle femme choisira pour sa fille un mari pareil ; elle estimera les gens non par ce qu’ils sont, mais par ce qu’ils apportent avec eux : la situation, la fortune, l’art d’usurper les travaux d’autrui.

Mais la femme véritable, la mère véritable préparera ses enfants au travail, au sacrifice, aux actes de l’énergie et de la volonté. Une telle mère enseignera à ses enfants, non pas ce qui leur permettrait d’échapper au travail, mais ce qui les aidera à porter le travail de la vie. Elle n’a besoin de demander à personne ce qu’il faut enseigner aux enfants, à quoi les préparer. Elle saura tout et ne craindra rien. Une telle femme, loin de pousser son mari vers un travail mensonger ayant pour but d’usurper le travail d’autrui, se détournera avec effroi de ce travail.

Une telle mère ne choisira pas un mari à sa fille pour l’hypocrisie de ses manières, mais elle estimera partout et toujours chez les hommes le travail, la bonté, l’énergie ; elle méprisera ce faux travail de parade dont le seul but est de s’affranchir du véritable travail. Une telle mère ne cherchera pas pour son mari et ses enfants des distinctions extérieures, de l’argent, des diplômes donnant droit au travail des autres, elle enseignera à ses enfants l’énergie de remplir leur tâche de la vie, au périr même de leur vie, parce qu’elle sait que là seulement réside le bonheur de la vie. Et c’est à la mère de former l’homme, de préparer les nouvelles générations, basées sur le Travail et l’Amour.