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D’après Tolstoï, c’est la femme qui tient entre ses mains le salut du monde !


IX

« Il semble, dit M. G. Le Bon, que ce soit une loi psychologique presque générale dans tous les âges, qu’on ne puisse être apôtre sans éprouver le besoin intense de massacrer quelqu’un ou de briser quelque chose[1]. »

Tolstoï n’appartient pas à cette catégorie d’apôtres. Il ne veut rien massacrer, rien bouleverser, rien incendier, rien réduire en cendres ; il ne prêche pas la terreur, mais la rénovation consciente de l’être humain.

La société actuelle, dit-il, est mal organisée ; elle est fondée sur le mensonge, la violence, le mal. Il faut la changer. Comment ? par la violence ? Non, on ne détruit pas le mal par le mal. La société est composée d’unités, d’hommes. Si la société est mauvaise, c’est que les hommes l’ont faite telle, et les hommes l’ont faite telle, parce qu’ils sont eux-mêmes mauvais. Pour changer la société, il faut donc, avant tout, changer l’homme.

Avec Rousseau, Tolstoï croit à la bonté native de l’homme. Sa méchanceté est la conséquence nécessaire de la fausse instruction qu’on lui donne. Il faut donc changer l’instruction actuelle. La meilleure instruction, la meilleure formation de l’homme se

  1. La psychologie du socialisme, p. 110, Paris, Alcan, 1898.