Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/160

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fait par la famille ; non pas par la famille telle qu’elle existe aujourd’hui, c’est-à-dire fondée sur le mensonge et l’hypocrisie, mais par la famille basée sur l’amour, le bien et le travail. Tolstoï croit que par la réorganisation de la famille on pourrait arriver à la réformation morale de l’homme et à la rénovation du genre humain.

On peut considérer comme utopie la foi de Tolstoï dans la rénovation de la société ; mais qui donc niera que la question sociale est une question d’éducation ? « La distinction du bien et du mal est une chose qui s’apprend, elle n’est point innée, mais déposée en nous par l’éducation[1]. »

Or, pour être juste, — car il y a des moments où il faut regarder la vérité en face, — sur quoi sont-elles basées dans notre société, l’éducation et la famille ?

« C’est dans des prisons, dit Ed. Maneuvrier, que nous préparons nos enfants à la vie… Nous les préparons à l’action virile en détruisant chez eux toute espèce d’initiative… Nous les réduisons à une véritable incapacité d’agir et de se gouverner eux-mêmes… Tous, ils sont atteints d’une même maladie morale, l’atrophie de la volonté…[2]. »

« Élevés parmi toutes sortes de notions artificielles, accoutumés dès notre enfance à considérer comme vérités éternelles, les opinions philosophiques et la cosmogénie d’une école dont les conceptions principales sont encore aujourd’hui officiellement ensei-

  1. Dr Maurice de Fleury. L’Âme du criminel, p. 61, Alcan.
  2. L’Éducation de la bourgeoisie, p. 64 et suiv. Paris, 1889.