Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/162

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Or, le mariage actuel n’est qu’une affaire. Et c’est par ce mariage-là que l’on veut fonder la société nouvelle ! Tant que le mariage ne sera qu’une association d’intérêts matériels, la famille sera malade, l’éducation de nos enfants déplorable, les hommes seront malheureux, les femmes esclaves et la société de plus en plus mourante.

C’est avec le mariage que commence la lutte entre les sexes, entre les individus. La nature a établi le mariage comme l’union des sexes ; les hommes l’ont transformé en une lutte ! Tels sont les fruits de la civilisation et du progrès dont nous sommes fiers !

Aucune réforme sociale n’atteindra son but, dans aucun pays, sans un remaniement complet des lois relatives au mariage et à la famille.

Avant de vouloir changer le monde, la femme doit commencer par changer sa propre vie, elle doit commencer par devenir assez consciente, assez forte moralement pour pouvoir organiser sa propre existence, pour pouvoir se choisir librement un compagnon de la vie, un compagnon qui l’épouse pour elle-même, rien que pour elle-même, qui ne voie en elle qu’une bonne compagne capable de le comprendre et de fonder avec lui une famille. Cette famille nouvelle doit être épurée des tares actuelles et adaptée à la complexité croissante de l’être humain, elle doit être basée sur : l’estime, l’affection, l’indépendance et la liberté morales, le désintéressement, l’égalité dans la dissemblance, la poursuite du même but et du même idéal des époux.

« La liberté de l’amour n’existera réellement pour les deux sexes que lorsqu’ils pourront et sauront éga-