Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/187

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la vieillesse est douleur, la maladie est douleur, la mort est douleur, l’union avec ce qu’on n’aime pas est douleur, l’union avec ce qu’on aime est douleur, ne pas obtenir son désir est douleur[1]. »

Mais si la vie est la douleur, le moyen de l’améliorer est non pas d’en tarir à jamais la source, mais d’en améliorer toutes les conditions capables de diminuer et d’atténuer nos souffrances.


II

On reproche à Tolstoï de ne pas être pénétré du savoir scientifique. « La bonté ne dépend d’aucune science[2] » répond Renan. C’est toujours d’une âme simple, normale, non faussée, que vient le rayon de lumière : la simplicité est le sceau de la vérité.

Tolstoï ne nie pas la science ; il distingue seulement la science vraie de la science fausse. Le but de la vraie science est de servir les hommes et de leur être utile. Ce n’est pas l’instruction, ce n’est pas la science qu’il accuse, mais le mauvais emploi que l’on en fait.

Si le travail physique est, suivant Tolstoï, le premier attribut, le caractère essentiel de l’homme, le moyen de trouver le sens de la vie, il n’exclut pas le travail intellectuel : on peut établir et maintenir l’équilibre entre l’esprit et le corps. Tolstoï l’a prouvé : tout en labourant la terre, il nous a donné des chefs-d’œuvre littéraires et philosophiques. Le travail physique non seulement n’exclut point l’exercice de l’activité intellectuelle, mais il en augmente la dignité, il la sti-

  1. Oldenberg. Le Bouddha, p. 214. Paris, F. Alcan, 1894.
  2. Dialogues philosophiques, p. xvi.