mule, « L’activité spirituelle et son expression réellement nécessaire aux autres, c*est la mission la plus pénible de l’homme. Et le symptôme unique, indubitable de la vocation réelle, c’est l’abnégation, le sacrifice de soi-même pour manifester la force mise dans l’homme, en vue de servir à l’utilité d’autrui. Il ne se forme pas non plus sans effort, le fruit spirituel[1]. »
Le mot science a un sens large et vague ; ce que les uns considèrent comme science, les autres le considèrent comme une futilité. Les chimistes considèrent la sociologie comme un enfantillage ; les sociologues nient la métaphysique, etc. Tolstoï ne nie pas la vraie science, il ne nie ni la chimie, ni la physique ; en somme, il ne s’élève que contre la philosophie, contre ce qu’il appelle le « philosophisme scientifique ».
D’après Tolstoï, la vraie science connaissant sa place et par suite son objet, est modeste, ce qui fait sa puissance. La physique, par exemple, traite des lois et des rapports des forces sans se préoccuper de ce qu’est la force elle-même, et sans essayer d’expliquer sa nature. La chimie traite des rapports de la matière sans s’inquiéter de ce qu’est celle-ci ni de définir sa nature. La zoologie traite des formes de la vie sans poser la question de la vie elle-même ni essayer de définir son essence. Et les forces, la matière, la vie, ne sont pas envisagées par ces sciences comme des objets d’études, mais comme des points d’appui pris comme axiomes dans un autre domaine des connaissances humaines, et sur lesquels se construit l’édifice de chaque science séparément. C’est
- ↑ Tolstoï. Sur la destination de la science.