loi de la nature, mais je vis par ce que je veux vivre, parce que je porte dans mon âme assez de force, assez de volonté, pour pouvoir me créer un sens de la vie, pour pouvoir vivre, vouloir, aimer et agir. « Il ne faut jamais oublier que vouloir, c’est agir, que la volition est un passage à l’acte 1. »
« Le monde moral n'existe que dans l’amour, et c'est l’amour qui engendre l’action morale. Si quel- qu'un n’agit pas, il n'aime pas, et quiconque croit aimer sans agir est la dupe de son imagination exci- tée par une image de l’amour venue du dehors, à laquelle ne répond en lui aucune réalité 2. »
Aimer, c’est agir. Celui qui ne sait pas aimer ne sait pas agir. L’impuissance d'aimer n'est qu’une forme de l'impuissance d’agir. La volonté consciente nous apprend à agir et à aimer. La conscience de la volonté libre doit marcher de pair avec l'indépen- dance de la raison. Toute l’activité raisonnable de l'homme a toujours consisté à éclairer du flambeau de la raison son impulsion naturelle vers le bien. La volonté consciente et raisonnée rend l’homme fort, capable de lutter avec la nature, avec les ins- tincts, de s'élever plus haut, toujours plus haut, moralement, et d'atteindre peut-être le bonheur.
Si le génie est le fruit d’une longue patience, pour- quoi le bonheur ne serait-il pas le résultat d’une longue volonté ?
« Exalte et cultive en toi ces deux énergies, en
(1) Th. Ribot. Les maladies de la Volonté, p. 37, Paris, Alcan.
(2) Fichte. Méthode pour arriver à la vie bienheureuse, p. 305, trad. Bouillir, Paris, F. Alcan. 11.