Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

attendre ? » se demandait-il. Mais une voix secrète lui disait d’attendre, de ne pas se presser, qu’avant de vivre comme Jérochka, il devait connaître un autre genre de bonheur…

C’est au Caucase que s’éveilla le talent d’écrivain de Tolstoï. Sa première œuvre, Enfance, fut terminée le 9 juillet (vieux style) 1852 et envoyée, sans aucune signature, au Sovremennik de Pétersbourg, revue mensuelle du poète Nekrassov. Ce ne fut que sur les instances de ce dernier, qui lui fît comprendre qu’aucune revue russe n’a le droit de publier un article anonyme, que l’auteur se décida à signer son travail de ses initiales : L. T.

Nekrassov publia avec plaisir l’œuvre de Tolstoï.

« Quant à la question des honoraires, lui écrivit-il, c’est une coutume dans nos meilleures revues de ne point payer la première œuvre d’un débutant que la revue présente pour la première fois au public. Nos plus grands auteurs, Gontscharov, Tourguénev, moi-même, nous avons tous passé par là. Je vous engage à vous soumettre à cette règle en vous promettant, pour vos travaux subséquents, le prix le plus élevé, celui que nous donnons à nos meilleurs écrivains : cinquante roubles la feuille d’impression. Un autre motif de cette omission, c’est qu’avant d’aborder ce sujet j’ai voulu voir si le jugement du public s’accordait avec le mien. Il est entièrement en votre faveur et je suis très heureux de voir que je ne me suis point trompé dans mon appréciation de votre première œuvre. C’est donc avec une vive satisfaction que je vous offre les conditions ci-dessus. »

Voici comment Tolstoï apprit la publication de