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son œuvre. Il lui arriva de passer la nuit avec plusieurs officiers dans un petit village. Fatigué, Tolstoï se coucha, tandis que les autres se mirent à jouer aux cartes, et tout à coup il entendit les paroles suivantes prononcées par un officier : « On parle beaucoup dans le monde littéraire d’un petit conte signé L. T., paru dans le Sovremennik, et qui révèle un grand talent[1]. »

« Mon conte a paru, » pensa Tolstoï, qui n’avait pas encore reçu la lettre de Nekrassov, et il s’endormit d’un sommeil de jeunesse. Ses camarades ne se doutaient guère que l’auteur du petit conte dormait là à côté, et qu’ils se trouvaient près du plus grand romancier et penseur russe.

II

Pendant la guerre d’Orient, Tolstoï passa dans l’armée active du Danube comme attaché à l’état-major du comte Gortschakov. Lorsque le champ des batailles sanglantes fut transporté sur les coteaux de Sébastopol, il fut nommé commandant de la division de montagnes. Il arriva à Sébastopol en novembre 1854 et y resta jusqu’à la fin du siège. Il se distingua par sa bravoure exceptionnelle et il fut considéré comme un véritable héros, même par ses camarades.

Après la célèbre bataille du 11, près la rivière Tchornaïa, Tolstoï s’attendait à être nommé aide de camp et à être décoré, mais il ne le fut pas, grâce à

  1. Seuron. Graf Leo Tolstoï, Berlin, 1895.