Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/46

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un grand musicien. Il écrivit Trois Morts, le Bonheur intime et Pollikouschka.

Son retour en Russie eut lieu quelque temps avant l’émancipation des serfs. Ce fut une époque de réformes, une époque d’espérances pour la Russie. Après la guerre de Crimée, la Russie commença à s’éveiller d’un pesant sommeil. Tous se mirent à parler de la nécessité des réformes ; tous sentirent le besoin d’agir ; ce fut un mouvement solennel pour toute la Russie, un moment de crise morale, quand, après la mort de Nikolaï Ier, l’admirable Alexandre Hertzen s’écria à l’étranger : « Maintenant ou jamais ! » Tout le monde veillait dans l’attente de grands événements. Les réformes d’Alexandre II, si restreintes qu’elles fussent, éveillèrent de remarquables talents : Dostoyevsky, Nekrassov, Ostrovsky, Saltykov, Pissarev, Dobrolioubov, Tschernichevsky, etc. Chacun cherchait à expliquer les idées nouvelles. Les uns s’appuyaient sur la philosophie de Hegel, les autres sympathisaient avec le socialisme français. L’idéalisme marchait de pair avec le réalisme. Un besoin fiévreux de travail caractérise cette époque. Une idée belle et généreuse animait les meilleurs esprits de ce temps : l’affranchissement des paysans, l’émancipation des millions de serfs, de millions d’êtres humains. Comme il faisait bon de vivre en ce temps l La conscience nationale se réveillait. Tous répétaient les vers de Nekrassov :

Tais-toi, Muse de vengeance et de douleur,
Je ne veux plus troubler le sommeil d’autrui :
Nous avons assez maudit...
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