Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/45

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salutaire et nécessaire, notre cœur le niera toujours[1]. »

Une autre circonstance eut une grande influence sur Tolstoï et vint lui prouver la nullité de la foi dans le progrès : ce fut la mort de son frère Nikolaï : « Bon, spirituel, sérieux, il tomba malade, étant tout jeune encore, il souffrit plus d’un an et mourut douloureusement d’une affection de poitrine, sans avoir compris pourquoi il avait vécu et encore moins pourquoi il mourait[2]. » C’était une âme noble et belle, il fut le seul et le meilleur ami de Léon Nikolaïevitch. Après cette mort, celui-ci revint à Iasnaïa-Poliana où il passa toute une année dans un état d’âme très tourmenté. Il y écrivit Lucerne et Albert. La mort de son frère a laissé sur lui une profonde empreinte de tristesse. L’idée de la mort l’obsédait. Il croyait être atteint de la maladie de son frère.

Il fonda à cette époque une école pour les paysans ; mais au bout d’une année, en 1859, il partit de nouveau pour l’étranger « afin d’apprendre comment faire pour savoir enseigner aux autres, ne sachant rien soi-même[3]. » Il fit un long séjour en Allemagne, il suivit les cours de Droyzen, de Dubois-Reymond, étudia la pédagogie, fréquenta les musées, les prisons où l’on venait d’établir le système cellulaire, etc. Il visita l’Italie, alla à Londres et à Bruxelles où il se rencontra avec Proudhon ; à Veimar il vit Liszt dont la musique lui plaisait beaucoup : Tolstoï est

  1. Confession.
  2. Idem.
  3. Idem.