— Mais il n*y a plus en moi d’énergie vitale ! J’ai perdu le sens de la vie !
— Cherche-le toujours : tu en trouveras un nouveau !
Et Tolstoï se mit à chercher le sens de la vie.
« Et je cherchai douloureusement et longtemps, et non par curiosité oisive ; je ne cherchais pas avec indolence, mais je cherchais péniblement, obstinément, des journées, et des nuits entières ; je cherchais comme un homme qui se perd et cherche à se sauver ; et je ne trouvais rien[1] »
Et il cherchait toujours. Il tourna ses regards vers sa famille, vers son œuvre littéraire mais « ces deux gouttes de miel, dit-il, qui, plus longtemps que les autres, me détournaient les yeux de la cruelle vérité, — l’amour pour ma famille et pour les Lettres, que je nommais art, — n’avaient plus de douceur pour moi[2] ».
— La famille ; mais la famille, épouse, enfants, ils sont aussi des hommes ; ils se trouvent dans les mêmes conditions que moi : ils doivent ou vivre dans le mensonge ou bien voir l’affreuse vérité… Les aimant, on ne peut leur cacher la vérité ; chaque pas dans le savoir, chaque pas dans la vie, mène vers cette vérité. Et la vérité, c’est la mort.
L’art, la poésie ne sont que des ornements, des attraits de la vie, ils n’expliquent pas le sens de la vie.
— Quel est le sens de la vie temporaire, en dehors de toute cause extra-terrestre ?