— Qu’est-ce donc que la foi ?
Tolstoï se mit à étudier l’histoire des religions et parvint bientôt à la conviction que la foi n’est pas la croyance à l’existence des choses invisibles, elle n’en est pas la révélation, la foi est la connaissance du sens de la vie humaine. Le besoin implacable, fiévreux, de trouver un sens à la vie, sans lequel il ne pouvait plus vivre, n’a pas permis à Tolstoï de s’apercevoir que si la foi est la connaissance du sens de la vie, elle n’explique point en quoi ce sens consiste.
La foi dit que pour comprendre le sens de la vie, on doit renoncer à la raison, à cette même raison, pour laquelle le sens est nécessaire !
Tolstoï ne pouvait pas s’apercevoir de cette contradiction qui ne supporte pas la critique de la raison pure. Il lui était indispensable, pour continuer sa vie, de trouver un trait d’union entre lui, le fini, avec la vie, l’infini. Cette union, c’est la foi qui la lui fournit : il l’a prise inconsciemment, obéissant à l’instinct de la conservation individuelle.
Mais à mesure qu’il étudiait l’histoire des religions, des Églises, les enseignements des théologiens et des docteurs, la terreur saisit Tolstoï ; il s’aperçut de la contradiction qui existait entre le sens vrai de toutes les religions et la forme fausse dans laquelle les hommes l’enveloppaient.
Toute la vie de soi-disant croyants du monde, toute leur conduite vis-à-vis de tous ceux qui ne confessent pas la foi de la même façon était en contradiction avec leur loi. Toutes les religions enseignaient comment améliorer la vie des hommes, tandis que les hommes vivaient dans l’incrédulité, prêchant le