Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


II


Tolstoï combat l’opinion courante que la religion est le produit de la crainte superstitieuse éprouvée devant les événements inconcevables de la nature. Cette opinion s’affirma grâce à l’enseignement « léger et superficiel » d’Auguste Comte d’après lequel l’humanité passe par trois phases successives de développement : religieuse, métaphysique et scientifique. Ce ne sont pas les événements extérieurs qui font naître le sentiment religieux, mais « la conscience intérieure du néant et de l’isolement de l’homme ». Voilà pourquoi la religion ne pourra être détruite par aucun progrès de civilisation.

La foi est basée uniquement sur la conscience raisonnée de ce qu’on a de mieux à faire dans une situation donnée. La base de la foi, c’est la lumière ; la base de la foi, c’est le sens qu’on prête à la vie et qui détermine ce que l’on y estime important et bon, ou peu important et mauvais. La foi même, c’est l’appréciation du bien et du mal.

L’essence de la religion est dans la faculté qu’ont les hommes de prophétiser et d’indiquer la voie que doit suivre l’humanité dans l’avenir.

La foi est la force de la vie.

La substance de chaque religion tient dans la réponse à cette question : « Pourquoi existé-je et quel est le rapport entre le monde infini et moi ? »

Pour Tolstoï, ce rapport s’exprimerait par trois formes de croyances : 1° la forme primitive païenne,