Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/18

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ture, qui était bien des plus détestable. Depuis longtemps déjà mon estomac était fatigué de viande de conserve, de soupe aux choux sans beurre et de morue à moitié pourrie. Ces détails-là manquent de poésie, mais ils ne manquent pas de vérité. Les vivres sont excellents sur les steamers qui relâchent souvent et qui ont du bétail à bord mais sur les navires marchands, tels que notre pauvre Indépendance, on ne donne trop souvent au passager qu’une nourriture insuffisante et malsaine.

Notre cuisinier, qui se livrait agréablement à la boisson malgré les invectives et les coups qu’il recevait, ne faisait pas le moindre progrès, il semblait confier au hasard le soin de sa cuisine, plusieurs fois le capitaine l’avait menacé des châtiments les plus sévères, mais il était incorrigible ; en outre, il n’ignorait pas qu’on ne pouvait le destituer de ses hautes fonctions culinaires, d’où dépendait le sort de nos estomacs.

Chaque jour qui s’écoulait glissait dans nos cœurs les craintes les plus vives, car nous étions à la veille d’affronter ce redoutable cap Horn. Le temps commençait à se refroidir, et la mer, plus grosse, ne