Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/108

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tion. J’étais dans cette cruelle perplexité, lorsque je me sentis frapper sur l’épaule ; c’était Than-Sing qui, touché de mon attitude, voulut calmer mes craintes : « N’ayez pas peur, me dit-il, ils veulent seulement vous effrayer pour que vous n’ayez aucune envie de détacher vos compagnons. »

On vint bientôt le chercher pour parler au chef des pirates. Than-Sing n’avait pas été enchaîné, mais il était prisonnier comme nous ; il nous servit d’interprète ainsi qu’à ses compatriotes. Ce chef était un petit homme d’apparence grêle, et chose singulière, il avait l’air moins féroce que les autres.

Le capitaine Rooney fut interpellé devant lui ; son attitude pendant cet interrogatoire fut calme et dédaigneuse ; il était superbe de mépris devant tous ces hommes de sang. On lui demanda d’abord s’il était Anglais ; Than-Sing, chargé de traduire la réponse, se souvint, alors, de la haine qui existait entre la nation chinoise et la nation britannique. Il répondit que le capitaine était Espagnol, et que l’équipage se composait d’hommes de différents pays. Le marchand chinois avait été heureusement inspiré en dissimulant l’origine du capitaine et des matelots,