Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/111

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pétées à chaque instant. Quant à moi, que ma faiblesse condamnait à l’inaction, je fus laissée à la même place, en compagnie du matelot blessé, lequel souffrait cruellement. Le subrécargue et Than-Sing, quoiqu’on leur eût délié les mains, étaient restés inoccupés à cause de leur inexpérience des manœuvres.

À ce moment, un des bandits passait près de nous ; il nous fit voir, avec les marques de la joie la plus vive, un paquet assez volumineux : c’étaient une forte somme d’argent, des bijoux et de l’argenterie. Il prit une fourchette, la retourna en tout sens, puis la porta à sa tête en me regardant, comme pour me demander si c’était un peigne de femme (on sait que les Chinois ne font pas usage de fourchettes). Son ignorance, qui, dans tout autre instant, m’eût semblée risible, ne me donna pas même l’envie d’un sourire, tant mes sens étaient plongés dans un accablement profond. Than-Sing me vint heureusement en aide, et se chargea de lui expliquer à quoi servait l’ustensile en question. Le pirate s’éloigna. Je me croyais débarrassée de sa présence, quand, revenant sur ses pas, il remplit une de ses mains de pièces