Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/112

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d’argent qu’il mit sous mes yeux en étendant son autre main vers une jonque qui était amarrée au navire ; je compris, à ces signes multipliés, qu’il me proposait de fuir avec lui. Thang-Sing, qui avait suivi du regard cette scène muette, eut encore pitié de ma détresse ; il s’approcha de cet homme et lui dit quelques mots dans leur langage. Il le menaçait sans doute de dévoiler sa conduite au chef, car le pirate s’éloigna la tête basse et sans réplique.

La température s’était refroidie et était même devenue des plus glaciales. Nous étions trop peu couverts les uns et les autres pour ne pas ressentir cette brume humide qui nous enveloppait. Je dois dire ici que nos ennemis usèrent alors de quelque générosité à notre égard ; plusieurs d’entre eux ramassèrent des lambeaux de vêtements qui traînaient sur le pont et nous les jetèrent pour nous en couvrir les épaules.

À ce moment, un bruit de chaînes se fit entendre, le navire ne marcha plus, l’ancre tomba dans la mer ; devait-elle bientôt remonter ou s’enfonçait-elle à jamais dans le lit qu’elle se creusait au fond des abîmes ? Dieu seul le savait !