Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/131

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nait rivé sous sa griffe, comme eux, j’avais un pied dans la tombe. Voyant chacun s’endormir peu à peu, je restai seule à songer aux chances horribles de ma destinée. Je cherchais dans mes souvenirs quelle faute j’avais pu commettre pour endurer de telles épreuves ; je fouillais ma conscience, je creusais mon esprit pour en trouver qui valût mes souffrances ; je ne voulais pour douter de la bonté divine.

Il pouvait être dix heures du soir ; les bruits du dehors s’apaisaient peu à peu, et malgré moi, je me sentais agitée par mille pensées diverses. Je ne comprenais pas alors que des hommes pussent dormir sans songer davantage à leur salut. J’éprouvais comme une surexcitation nerveuse ; je me levai et me dirigeai en silence vers le pont, en passant à travers les débris qui m’arrêtaient à chaque pas. Là je m’appuyai le long du bord. Nous étions seuls ! La mer ne faisait pas entendre le plus léger bruit ; elle étincelait comme un miroir d’argent sous les pâles rayons de la lune. Cette calme solitude me fit une émotion telle que toutes les fibres de mon cœur furent émues. Je rentrai à l’intérieur de la dunette et j’appelai à voix basse le capitaine. Il n’était qu’as-