Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/133

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nous contenir ; une fois en mer, il est peu probable que les pirates, gorgés comme ils le sont, épient notre fuite ou essayent de nous atteindre. Partons ! fuyons ! capitaine, je vous le demande à genoux.

Il se pencha de nouveau par-dessus le bord, puis me faisant signe de le suivre, il rentra dans l’intérieur de la dunette où les autres semblaient dormir profondément. « Holà ! dit-il, que tout le monde se lève ! » Il communiqua alors ses intentions ; car, dans ce moment suprême où il fallait risquer sa vie, il ne pouvait guère donner des ordres. Au premier mot qu’il dit pour dévoiler le plan de l’évasion, les matelots se resserrèrent les uns contre les autres, avec un air d’improbation et de désobéissance. Cette marque d’hésitation mit aussitôt le capitaine en fureur ; et, s’adressant surtout au subrécargue et à son second : « Vous n’êtes pas des hommes, leur dit-il, et vous devriez rougir en voyant une femme, la première, vous donner l’exemple du courage : oui, la première, elle a pensé à braver la mort qui nous attend, en voyant dans une fuite quelque chance de salut ; et vous, vous hésitez, vous tremblez comme des lâches ! car je vois la peur dans tous les yeux.