Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/134

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Non, je le répète, vous n’avez pas l’énergie d’une femme ! »

Je dois dire ici quel était le plan d’évasion du capitaine Rooney. Il venait de proposer à son équipage de sortir sur le pont et de tenter, par la surprise, de se rendre maître de la jonque en égorgeant les huit Chinois qui s’y trouvaient. Alors, sans perdre de temps, la mer nous favorisant, nous faisions voile sur Macao, où il nous était possible d’arriver la nuit, selon toutes ses prévisions.

Je me gardai bien de dire une parole qui fût une approbation au milieu de ces débats sinistres ; mon rôle, en cette circonstance, devait être simplement passif, afin que ces hommes ne pussent croire que j’avais proposé ou applaudi à une tentative de meurtre. Leur réponse au capitaine me fit voir qu’ils m’accusaient d’avoir eu cette idée sanguinaire ; et, pourtant, je certifie que ce genre de coup de main ne m’était pas venu à la pensée. Le capitaine ne m’avait pas fait part de ses projets ; mais il n’avait pas douté de mon courage, puisque, la première, je lui avais donné l’idée de fuir. Il avait donc jugé à propos de me citer en exemple afin de leur faire honte.