Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/137

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canot, demandant à Dieu qu’il ne nous abandonnât pas. Dix minutes s’étaient à peine écoulées, que la voix du capitaine résonna comme un glas à nos oreilles ; il articula d’une voix sourde « C’est impossible ! » Et c’était en effet impossible. L’eau, qui avait pénétré d’abord lentement monta peu à peu et remplit la barque à moitié. Chacun se retira en silence : les grandes souffrances ne s’expriment pas. J’allai de nouveau m’étendre sur le banc où, deux heures avant, j’avais cru à la possibilité de notre salut. Il fallait remettre au lendemain l’espoir de nous sauver.

Le lendemain était le 10, les matelots se mirent à l’œuvre avec ardeur. Cette embarcation nécessitait un travail de huit à dix heures au moins, pour la rendre propre à notre fuite ; encore fallait-il que nous ne soyons point assaillis, comme dans la journée précédente, par de nouveaux pirates. Une partie du jour se passa sans que nous aperçussions la moindre voile ; c’était presque du bonheur de nous voir ainsi isolés. Nous parcourions en tous sens le Caldera, qui n’était plus qu’un amas de décombres. Ce malheureux navire, vidé jusqu’à la cale, avait un