Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/136

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plus de sécurité à notre délivrance. Pendant que tous les hommes se livraient à ce travail, je montai sur le pont de la dunette, et là je me mis à chercher dans les débris de toutes sortes qui gisaient à cette place ; la lune brillait dans son plein, elle me permit de découvrir quelques-unes de mes lettres, toutes maculées et déchirées ; je les ramassai en poussant un douloureux soupir, et les serrai pieusement sous mes habits. J’allai ensuite au milieu de mes compagnons. L’embarcation fut bientôt débarrassée de la charge de charbon qui l’encombrait. Mais les craintes du capitaine n’étaient que trop réelles ; on s’aperçut que plusieurs planches étaient disjointes et qu’elle ne pourrait tenir la mer. Le désappointement fut grand ; on redoubla néanmoins d’activité ; on ferma tant bien que mal ces trous, ces fissures qui s’opposaient à nos projets. Enfin, après un travail des plus opiniâtres, au moyen de fortes poulies, on parvint à hisser la chaloupe le long du bord. Un bruit sourd s’ensuivit ; elle louchait la mer. Nous étions tous penchés sur le bastingage ; la moitié du corps en dehors du navire, nous plongions nos regards avec une anxiété fébrile dans le fond noir de ce grand