Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/143

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dire, à revenir à lui. Devions-nous donc finir nos jours sur ce navire maudit ? « Retournons ! » dit le capitaine d’une voix rauque ; et l’accent qu’il donna ce seul mot disait assez qu’il se regardait comme vaincu par la fatalité. « Eh bien retournons, capitaine, lui répondis-je après tant de souffrances, la mort ne peut qu’être douce. » Le courant, qui était le seul obstacle à la réussite de notre entreprise, nous entraîna donc en peu de temps vers notre point de départ et nous colla contre les flancs du Caldera, que nous avions cru quitter pour toujours. La corde qui avait servi à nous descendre pendait le long du bord ; les matelots y grimpèrent avec agilité, et, parvenus sur le pont, nous jetèrent de nouveaux cordages à l’aide desquels, après mille difficultés, on nous hissa, le matelot malade et moi.

Lorsque je me retrouvai sur ce plancher de malheur, je fus prise d’un vertige, mes yeux se fermèrent, et je tombai lourdement ; la vie s’échappait en moi, épuisée, comme je l’étais, par la douleur et les tortures de la faim. Mon évanouissement dura assez longtemps ; en rouvrant les yeux, je me vis étendue sur mon banc, enveloppée de quelques