Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/157

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de me démontrer Than-Sing pour m’en servir, que je renonçai à leur usage et employai mes doigts seuls pour manger.

Des pirates vinrent, comme le jour précédent, se pencher au-dessus de notre cellule pour nous considérer à leur aise. Ils se montraient les uns aux autres nos tristes personnes, et, par moment, il s’élevait de leur groupe de grands éclats de rire ; un de ces misérables se pencha plus que les autres, et, nous regardant en riant d’un air sardonique, il désigna la place du marchand chinois et la mienne, en simulant, avec les bras, les gestes de deux personnes qui s’embrassent. À cette lâche insulte, un mal poignant me saisit au cœur ; l’idée d’un danger honteux m’apparut et me fit monter le rouge au visage. Je laissai couler mes larmes en abondance ; mon chagrin était profond à quoi n’étais-je pas exposée ! Le capitaine pirate apparut en ce moment ; je ne sais s’il fut touché de mon affliction, mais il fit fermer le panneau. Par un hasard des plus singuliers, ce chef, contrairement à ses compagnons de brigandage, avait quelque chose d’affable dans la physionomie, et je dois avouer que, chaque fois que je l’envisageais, je