Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/158

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ne me sentais saisie d’aucun mauvais pressentiment. Il était d’une laideur originale, si l’on peut dire : son visage était long et grêlé ; il avait les pommettes saillantes, un nez retroussé avec de larges narines, des sourcils épais, une grande bouche et de très-grands yeux noirs ; lorsque son regard se fixait il s’arrêtait lentement et semblait toujours exprimer une douce pensée, comme s’il eût toujours exprimé une douce pensée. Comme tous les Chinois, il était rasé jusqu’au sommet de la tête, il avait une épaisse et longue natte de cheveux qu’il portait parfois, à la mode des sauvages, en chignon noué et retroussé, ou bien enroulée en forme de couronne, ou tombante jusqu’aux talons ; chaque coiffure lui donnait une physionomie différente, mais ces diverses expressions lui étaient toujours favorables.

Or, l’apparente modération qu’il montra dans cette circonstance me fit espérer pour l’avenir.

Than-Sing, en cherchant à apaiser mes craintes, me fit part de toutes les questions que ces misérables lui avaient adressées. Ces maudits, pour s’amuser à ses dépens, lui avaient demandé combien il avait de femmes. La religion permet aux Chinois la